Une Bienheureuse à Saint Laurent…

soeur-sainte-sophieFille du noble Gabriel de Berbegie d’Albarède et de Marie Laplace, Marguerite-Marie de Berbegie d’Albarède est née le 8 octobre 1740 à St-Laurent-de-Carnols.

Vers 1762, elle rentre au couvent des Ursulines de Pont-St-Esprit, où quarante religieuses y vivent, et prend en religion le nom de Sœur Sainte Sophie se consacrant à l’éducation des jeunes filles pensionnaires du couvent.

Les changements de la révolution

En 1789 la révolution éclate. Dès le 23 octobre, l’Assemblée nationale ordonne la suspension provisoire des vœux de religion. Le 18 février 1790 paraît un décret de l’assemblée qui interdit de prononcer des vœux solennels, supprime les congrégations où l’on prononce de pareils vœux (sauf les congrégations enseignantes et hospitalières) et autorise les moines et religieuses à quitter leur couvent.

Le 18 août 1792, toutes les congrégations à vœux simples et toutes les associations de piété, de charité et les confréries sont supprimées.

Le 14 août, on décrète que tout ecclésiastique doit prêter serment de «E-Egalité». Cette disposition est étendue aux religieux et religieuses.

Départ du couvent et « Grande Terreur »

En octobre 1792, les 40 Ursulines de Pont-St-Esprit sont chassées de leur couvent, elles trouvent refuge dans une maison de Bollène. Sœur Sainte Sophie est du nombre. Elles s’organisent dans des conditions précaires assistées par l’abbé Tavernier de Courtines, nommé par le Pape Pie VI administrateur du diocèse de St-Paul-Trois-Châteaux, l’Évêque étant absent.

Les événements extérieurs s’ajoutent aux problèmes intérieurs :
Coalition des armées de l’Europe contre la France révolutionnaire avec le soutien d’émigrés, crainte de mouvements contre-révolutionnaires soutenus par l’étranger, désertions, difficultés du ravitaillement, luttes entre les différents courants révolutionnaires, etc… amènent une répression sanguinaire qui atteint son apogée durant l’été 1794. C’est la grande Terreur.

La chasse aux religieuses

La chasse aux religieuses suspectes a commencé depuis quelques jours. Le 12 Floréal (1er mai 1794) le comité donne l’ordre de l’arrestation de Sœur Sainte Sophie et de la plupart de ses compagnes. Elles sont conduites en charrette de Bollène à Orange vers la prison de la cure.

Le 5 juillet 1794, le procès surtout politique des religieuses commence. Sœur Sainte Sophie est jugée le 11 juillet en même temps que 3 autres religieuses. Le tribunal a un a priori : elles sont coupables et donc condamnées à mort et guillotinées le jour même.

Le compte rendu de la commission du 14 juillet rapporte que les accusées ont déclaré « qu’il n’était pas au pouvoir des hommes de les empêcher d’être religieuses, que le serment était contraire à leur conscience et à leurs vœux ».

Reconnaissance des sœurs martyres

C’est en 1925,que le Pape Pie XI proclame Bienheureuses les sœurs martyres d’Orange.
De cette époque doit dater le tableau représentant Sainte Sophie, placé dans notre église de Saint Laurent.

Dans le quartier de Martignon au Sud de l’Aigues à Orange, se trouve un champ appelé Laplane. C’est là que chaque soir un tombereau déversait les corps des guillotinés. On avait creusé des tranchées, pour y jeter les corps des suppliciés et on épandait sur les cadavres de la chaux vive.

Dans les premières tranchées au Nord, on a déposé les corps des 32 religieuses et bâti au-dessus la chapelle de Gabet.

Amenées des diverses communauté de la région, 52 religieuses ont été prisonnières en même temps que Sœur Sainte Sophie. 32 ont été guillotinées. Les autres ont échappé à l’échafaud grâce à la chute de Robespierre. C’est par elles que nous avons des témoignages sur leur captivité.